Randy Cunneyworth sur...

Max Pacioretty

« Je sais qu’il avait eu de petits problèmes pendant sa première expérience dans la Ligue nationale, mais il voulait vraiment bien faire les choses avec nous dans la Ligue américaine. Il a gagné cette confiance qui lui permet de faire ce qu’il fait maintenant. Il allait clairement devenir un meneur, que ce soit avec une lettre sur son chandail ou par l’exemple, son jeu et son désir de gagner. »

P.K. Subban, qu’il avait laissé de côté pour un match à Winnipeg

« Il avait tout un potentiel, c’était un phénomène physique avec d’excellentes habitudes de travail. Mais sa compréhension du jeu et du concept d’équipe était très limitée. Il a grandement développé ça et a gagné en maturité. Il avait tous les outils, il devait simplement les arrimer au concept d’équipe. »

Sur Carey Price

« Price était sacrément bon [pretty darn good], mais on devait mieux jouer devant lui. Les deux doivent aller ensemble. Ils ont su régler ça ! »

Sur Louis Leblanc, qui a joué 42 matchs en 2011-2012

« Il avait de bonnes habiletés individuelles et travaillait fort. Il a eu à composer avec des blessures et ce n’était pas facile. Qui sait si son développement n’a pas été précipité ? Les blessures l’ont ralenti. Le hockey est un sport d’équipe. Si un individu échoue, ça ne peut pas être entièrement sa faute, tout comme dans le cas d’un joueur qui connaît du succès. Il n’a peut-être pas été encadré comme il le devait. »

« J’ai beaucoup souffert »

RANDY CUNNEYWORTH

ROCHESTER, New York — Jeudi midi, dans un banal aréna en banlieue de cette métropole régionale, un Randy Cunneyworth décontracté vient à la rencontre des deux journalistes qui l’attendent.

Chaussettes blanches, bermuda, pas de chaussures… Il amorce la discussion en parlant du spectacle auquel il a assisté la veille avec son épouse, celui du ventriloque et humoriste Jeff Dunham.

« Excellent spectacle ! [Dunham] a publié une photo du spectacle sur Facebook ou un autre réseau social. Il paraît qu’il a reçu trois millions de clics ! », s’émerveille-t-il, tout en admettant qu’il ne s’y connaît absolument pas en web 2.0.

C’était le début d’une entrevue d’une trentaine de minutes. À des années-lumière de l’homme qui était talonné de toutes parts pendant ses difficiles quatre mois derrière le banc du Canadien. Les résultats de l’équipe, son rôle intérimaire, le fait français… les contentieux ne manquaient pas.

ÉCHEC ASSURÉ

Ce soir, Cunneyworth prendra place derrière le banc pour la 48e fois depuis qu’il est revenu à la barre des Americans de Rochester, équipe qu’il avait dirigée de 2000 à 2008. C’est son premier poste d’entraîneur-chef depuis que le Canadien l’a démis de ces fonctions, le 6 juin 2012. Il a donc dû attendre trois longues années, même s’il a travaillé entre-temps dans le domaine du développement des joueurs chez les Sabres de Buffalo, l’équipe mère des « Amerks ».

« J’avais besoin de recul. J’ai beaucoup souffert, a admis Cunneyworth. Avec le recul, on remet en question certaines de ses décisions. Je me suis senti mal pour Randy Ladouceur [son adjoint à Montréal]. Notre occasion a été beaucoup trop courte. Randy a fini par rebondir. Ça a fait mal, mais ça fait partie de ce métier. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir eu assez de temps pour me faire reconnaître à ma juste valeur. »

Le 17 décembre 2011, la vie de Cunneyworth prend un virage inattendu. Ce matin-là, le Tricolore annonce le congédiement de Jacques Martin de son poste d’entraîneur-chef.

« Il y a eu une petite période pendant laquelle on ne savait pas qui remplacerait Jacques, a révélé Cunneyworth. C’était le samedi matin, on préparait notre rencontre avec les joueurs en vue du match de la soirée contre les Devils. J’avais un gros café de Tim Hortons dans les mains, et Pierre Gauthier m’a annoncé que j’étais le remplaçant. J’étais sous le choc ! Soudain, il fallait se préparer différemment.

« Randy [Ladouceur] et moi étions là pour soutenir Jacques et Perry [Pearn, entraîneur adjoint congédié en octobre 2011], on devait être sous leur leadership pendant longtemps. Et c’est finalement nous qui sommes devenus le leadership. Ce n’était pas notre intention ! »

— Randy Cunneyworth, ex-entraîneur-chef du Canadien

On connaît la suite. Cunneyworth hérite d’un navire qui prend l’eau de partout. Un joueur grassement payé, Scott Gomez, qui se brouille avec les entraîneurs et qui connaît une gênante période d’un an sans marquer. Un autre vétéran, Michael Cammalleri, échangé en plein milieu d’un match. Andrei Markov, pilier de la défense, qui aurait pu avoir une carte de fidélité chez le chirurgien tant il y passe du temps.

Le résultat est prévisible. Sous Cunneyworth, le CH affiche un dossier de 18-23-9 et se classe dernier dans l’Est. Son successeur, Michel Therrien, aura la chance de travailler avec un groupe épuré. Markov en santé, Gomez libéré de son contrat, Louis Leblanc (qui jouait parfois même au sein du deuxième trio !) renvoyé dans la Ligue américaine.

PARCOURS ENVIABLE

Pourtant, Cunneyworth arrivait à Montréal à la suite d’un parcours enviable. À Rochester, il avait contribué au développement d’une équipe des Sabres qui a participé à la finale de l’Est en 2006 et en 2007. Thomas Vanek, Jason Pominville, Derek Roy, Ales Kotalik et Paul Gaustad ont tous évolué sous ses ordres avant d’imprimer leur marque à Buffalo.

Après un bref passage comme adjoint chez les Thrashers d’Atlanta, Cunneyworth allait diriger les Bulldogs de Hamilton une seule saison, les menant en finale d’association. Bref, il avait connu le parcours idéal pour diriger une équipe de la LNH.

Mais il était pris dans une situation assurément perdante. S’il refusait l’emploi, il passait pour un entraîneur qui craignait les défis et qui laissait tomber son équipe. S’il l’acceptait, il héritait du chaos. Avec le recul, des regrets ?

« Non, pas du tout. La chance m’était présentée et je ne pouvais pas la refuser. Je savais que ça venait avec beaucoup plus de pression, mais ainsi va la vie, parfois. C’était le choix à faire quand Pierre est entré en contact avec moi. »

SA DEUXIÈME MAISON

Avec 49 points en 47 matchs, les Amerks sont en plein cœur de la course aux séries.

« C’était dur de voir l’équipe connaître des moments difficiles et j’avais la chance d’avoir un impact positif. C’est une saison charnière, parce que c’est le 60e anniversaire de l’organisation », explique-t-il au sujet de sa décision d’accepter ce poste.

Comme il l’a fait en tant que joueur, Cunneyworth est rentré au bercail à Rochester. C’est dans cette ville qu’il a amorcé sa carrière de joueur chez les professionnels. Il a porté les couleurs des Amerks de 1981 à 1985, et c’est aussi là qu’il a conclu son parcours en 1999-2000.

Il jure ne pas penser à son prochain emploi (« Mon travail, maintenant, est ici »). Mais boucler la boucle de sa carrière d’entraîneur, à 54 ans ? Parions qu’il n’a pas encore abandonné l’idée de revenir un jour dans la LNH, même dans un rôle d’adjoint.

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